Brigitte-Fanny Cohen
Journaliste et spécialiste des questions de santé sur France 2
1) Comment voyez-vous l’évolution des cures thermales depuis 10 ans ?
Les chiffres montrent que la fréquentation des établissements thermaux a augmenté depuis 10 ans. Plus de 4% en 2016. Sans doute parce que les centres, qui avaient autrefois une image désuète, ont fait peau neuve. Par ailleurs, l’AFRETH a fait réaliser de nombreuses études scientifiques qui ont apporté la preuve de l’efficacité de la médecine thermale, principalement dans le traitement des rhumatismes et des troubles anxieux.
2) Les cures thermales séduisent de plus en plus de français. Pour quelles raisons selon vous ?
Le thermalisme est un secteur dynamique et bon nombre d’établissements ont réalisé des investissements financiers pour se rénover et se moderniser. Certains n’ont rien à envier aux centres de thalassothérapie : ils sont devenus plus agréables, esthétiques et chaleureux. Cela a permis de rajeunir l’image des stations thermales mais également de créer un environnement favorable pour l’amélioration de la qualité de vie des curistes.
3) A contrario, les enfants font moins de cures thermales en France. Qu’en pensez-vous ?
Pour les enfants, c’est compliqué de s’absenter de l’école durant 18 jours consécutifs mais également pour les parents de les accompagner aussi longtemps. Pourtant de nombreux enfants pourraient tirer des bénéfices du thermalisme : je pense notamment aux cures qui proposent de renforcer l’éducation thérapeutique des jeunes asthmatiques ou des jeunes diabétiques. L’idée de cures fractionnées pourrait être une solution : 3 rendez-vous d’une semaine sur 3 périodes de vacances scolaires permettraient aux enfants de bénéficier de soins thermaux.
4) Il existe des séjours de réhabilitation post-cancer du sein. Pensez- qu’il s’agisse d’une vraie avancée dans le thermalisme ?
Suite à un reportage que j’ai réalisé à la Roche-Posay, j’ai pu échanger avec une patiente sur son ressenti, mais aussi avec des chirurgiens spécialisés dans la reconstruction du sein après cancer. Cette nouvelle orientation thérapeutique est vraiment bénéfique sur le plan physique, car les cicatrices font l’objet de soins localisés avec de l’eau thermale. Cela permet de préparer la peau à la reconstruction mammaire et de réduire la fibrose. Aujourd’hui certains chirurgiens demandent même à leurs patientes de suivre des soins de balnéothérapie ou de thermalisme afin de faciliter l’intervention. Ces cures post-cancer du sein sont importantes également sur le plan psychique : les patientes peuvent profiter de consultations avec un psychologue ou d’un atelier de maquillage. Entre les différents soins, et la libération de la parole, elles ont parfois l’impression de se retrouver pendant 3 semaines dans une bulle de bien-être.
Propos recueillis par Laurine Bonissol