Pr. Yves-Jean Bignon M.D. Ph.D. Dr. h.c.
Directeur du Laboratoire de Biologie Médicale OncoGènAuvergne
Directeur du département d’oncogénétique/Director of oncogenetics department
Centre Jean Perrin, BP 392, 63011 Clermont-Ferrand cedex, FRANCE
Médecine thermale et cancers
La médecine thermale s’inscrit dans le « parcours de soin » d’un malade mis en rémission complète de son cancer (défi ni par l’absence de masse tumorale résiduelle, détectable par imagerie ou biologie à la fin des traitements curatifs du cancer), dans la période appelée « l’après cancer ».
Un malade peut bénéficier de cures thermales de deux manières :
- une co-morbidité justifie un traitement thermal selon les 12 orientations thérapeutiques de la crénothérapie (non traité ici).
- des effets secondaires et/ou des séquelles de ses traitements anti-cancéreux justifient une prise en charge médicale.
La médecine thermale dans l’« après cancer » se justifie par :
- L’altération constante de l’état général et de la qualité de vie des malades.
- Les nombreux effets secondaires/séquelles.
- La prévention tertiaire des cancers.
- L’établissement thermal est la structure médicalisée adaptée entre la ville et l’hôpital.
- Les résultats de publications dont le programme PACThe post-cancer du sein en stations Thermales
(Kwiatkowski F. et al. Eur. J. Cancer 2013, 49 : 1530-38).
Prise en charge de l’après cancer en établissements thermaux en France
En 2016, 21 établissements thermaux proposent des programmes post-Cancer (sources personnelles et du Conseil National des Etablissements Thermaux).
La prise en charge est effectuée :
- Sous forme de mini-cures thermales de réhabilitation post-cancer sur 1 ou 2 semaines.
- Dans le cadre d’une cure conventionnée au cours de laquelle un programme post-cancer spécifique est adjoint.
- Un suivi des malades est habituellement proposé par questionnaires spécifiques, par e-mail ou site internet.
Plusieurs Orientations Thérapeutiques (OT) peuvent être proposées aux malades :
- Prise de poids : l’OT est « affections digestives- maladies métaboliques » ou éventuellement « rhumatologie ».
- Syndrome anxio-dépressif : OT « psychosomatique ».
- Lymphoedème : OT « phlébologie/ lymphoedème ».
- Cancers gynécologiques : OT « gynécologie ».
- Toxicité dermatologique des traitements : L’OT est « dermatologie ».
- Toxicité muqueuses des traitements des chimiothérapies ou radiothérapies des cancers ORL.
L’OT est « affections de la muqueuse bucco-linguale ».
- L’orientation « voies respiratoires » peut être proposée plus volontiers pour les complications pulmonaires des traitements que pour les cancers bronchiques.
Plus récemment se sont mis en place des programmes d’ETP (Education Thérapeutique des Patients) validés par l’Agence Régionale de Santé. L’approche méthodologique et la finalité des ETP sont spécifiques car au-delà du séjour thermal éducatif il s’agit d’établir un plan d’action personnalisé durable pour adopter et maintenir, lors du retour à domicile du malade, une hygiène de vie physique et psychologique.
On citera l’ETP PACS (Programme d’Education Thérapeutique Après Cancer du Sein) et l’ETP « lympho’thermes » pour la prise en charge des lymphoedèmes.
La prise en charge médicale des malades atteints de cancer dans les établissements thermaux est une démarche innovante qui répond aux attentes des malades dans le cadre de leur parcours de soin.
En 2018 : 1200 femmes seront prises en charge par l’assurance maladie dans 20 établissements thermaux en post-cancer du sein selon les recommandations du programme PACThe
Référence : Kwiatkowski F. et al. Br. J. Cancer 2017,23 : 1389-93